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« La tyrannie de la norme »

Todd Rose, Directeur de laboratoire pour la Science de l’Individu à HARVARD, s’appuie sur sa propre expérience et ses recherches pour bâtir une méthode simple et convaincante nous invitant à replacer l’individu au cœur du débat et à développer nos véritables talents pour, enfin reprendre le pouvoir.

C’est un personnage comme nous les aimons. Sa jeunesse, sa famille l’ont prédisposée à remettre en question ce qui est établi. Comme c’est un scientifique, il ne se contente pas de raisonner mais s’appuie sur des recherches qui vont du IX au XXI siècle.

Il relate au début de ce livre une histoire invraisemblable dans l’armée américaine. On comprend d’emblée à quelle catastrophe peut aboutir l’application aux humains la logique de « l’Homme Moyen ».

Ce livre est très riche, il nous a obligé à faire des choix contraignants tant chaque chapitre révèle d’informations.

« ON NOUS DEMANDE TOUJOURS D’ETRE DANS LA NORME. »

Mais à quoi correspond cette norme ? L’apprentissage scolaire use de méthodes standardisées qui ne sont pas adaptées à de nombreux enfants ; Les traitements médicaux les plus populaires ne sont efficaces que pour une proportion minimes des patients ; les entreprises multiplient les test de recrutement fondés sur des critères trop vagues…
Il est temps de se libérer de cette tyrannie de l’ »homme moyen » et d’inventer d’autres approches respectueuses des singularités. Un plaidoyer pour une révolution intellectuelle nécessaire.

L’HOMME MOYEN DANS L’ARMEE DE L’AIR US !

« A la fin des années 40, l’armée de l’air américaine se trouva confronté à un grave problème : ses pilotes ne parvenaient pas à garder le contrôle de leurs avions. Bien qu’on soit à l’aube des avions à turboréacteurs, avec des appareils plus rapides et plus complexes à piloter, les problèmes si fréquent et impliquaient des modèles si différents que l’armée de l’air avait un inquiétant mystère autour de l’issue fatale d’un grand nombre de vol…
Au pire moment de cette période, dix-sept avions d’écrasèrent en l’espace d’une journée. Les termes employés par le gouvernement pour qualifier ces mésaventures survenant en dehors de tout combat étaient « accidents » et « incidents ». Ils désignaient des descentes en piqué involontaires et des atterrissages ratés pouvant entrainer la mort des pilotes. Au début les Gros Bonnets de l’armée rejetèrent la faute sur les hommes aux commandes, invoquant le plus souvent dans leurs rapports « l’erreur de pilotages » comme la cause de ces accidents.
Bien sur ce jugement paraissait raisonnable puisque les avions eux-mêmes ne dysfonctionnaient que rarement…Les pilotes étaient aussi déroutés, la seule chose dont ils étaient certains, c’est que leurs compétences n’étaient pas en cause. Si l’erreur n’était ni humaine ni mécanique, d’où vient le problème ? Après nombres d’enquêtes infructueuses, l’attention des responsables se porta sur la conception du poste de pilotage lui-même.
En 1926, alors que l’armée concevait son premier poste de pilotage, les ingénieurs avaient pris les dimensions physiques de centaines de pilotes… et s’étaient servie de ces données pour standardiser les dimensions des postes de pilotages. Au cours des trois décennies suivantes, la taille et la forme des sièges, la distance par rapport aux pédales et au manche, la hauteur du parebrise et même la forme du casque furent conçues en fonction des dimensions moyennes d’un pilote de 1926 ! Les ingénieurs commencèrent à se demander si les pilotes n’avaient pas grandi depuis cette époque…
En 1950, des chercheurs de la base aérienne Wright-Patterson dans l’Ohio mesurèrent plus de 4000 pilotes, relevant 140 dimensions dont la longueur des pouces, la hauteur des entrejambes et la distance entre l’œil et l’oreille, puis ils calculaient la moyenne pour chacun d’elles. Tout le monde croyait que l’amélioration des calculs concernant le pilote moyen permettrait de concevoir un poste de pilotage mieux adapté…tout le monde ou presque. Une nouvelle recrue de l’armée de l’air américaine, un scientifique de vingt trois ans, avait des doutes sur la question.
Le Lieutenant Gilbert S. Daniels n’était pas le genre de personne que l’on associerait naturellement à la culture débordante de testostérone au combat aérien…Du coup quand l’armée lui confia la tache de mesurer des pilotes, Daniels avait une conviction sur les moyennes une conviction qui rejetait les principes de conception militaire que cette dernière entretenait depuis un siècle.

Il ne cessait de se poser la question : « combien de pilotes moyens existe-t-il réellement ? »

…Sur 4063 pilotes, pas un seul ne se situait dans la fourchette moyenne pour les dix dimensions (ndr choisis). Un pilote pouvait avoir les bras plus longs que la moyenne, mais ses jambes étaient plus courtes que la moyenne ;
un autre peut être un torse plus large, mais des hanches étroites…Gilbert Daniels n’était pas le premier à découvrir que l’individu moyen n’existe pas.

LA TYRANNIE CACHEE DE LA MOYENNE

Si la société tout entière avait emboité le pas de l’armée lorsque celle-ci à modifier sa manière de considérer les soldats, imaginer tout le positif qui en aurait résulté. Au lieu de comparer les gens à un idéal erroné, on aurait pu voir – et les apprécier-pour ce qu’ils sont : des individus. Mais aujourd’hui, dans la plus parts des écoles, des entreprises et des établissements de recherche, l’on continue à croire à la réalité « des normes ». Du berceau à la tombe, on nous mesure à l’aune de cette omniprésente moyenne, et si l’on juge en fonction de notre proximité avec elle ou de note capacité à la dépasser.
Non que la moyenne soit toujours inutile : les moyennes ont leur intérêt. Si l’on compare deux groupes de personnes différentes comme les performances des pilotes chiliens et celles de pilotes français – et non deux individus de chacun de ces groupes- alors la moyenne peut être utile. Mais dès lors que nous avons besoin d’un pilote, d’un plombier ou d’un médecin, dès lors que vous devez prendre une décision concernant un individu concernant un individu en particulier elle devient inutile.. Pire qu’inutile, en fait, parce qu’elle donne l’illusion de connaître, alors qu’elle masque ce qu’il y a de plus important chez un individus.
Dans ce livre, vous apprendrez que, tout comme il n’existe pas de taille corporelle moyenne, il n’existe pas non plus d’intelligence moyennes, de talent ou de caractère moyen. Il n’y a pas d’étudiant moyen ou d’employé moyen- ou de cerveau moyen, d’ailleurs. Chacun de ces concepts familiers est le produit d’une imagination scientifique erronée. Notre conception moderne de la personne moyenne n’est pas une vérité mathématique mais une invention humaine créée il y a un siècle et demi par deux scientifiques européens pour résoudre les problèmes sociaux de leur époque…
Dans ce livre, vous apprendrez que, tout comme il n’existe pas de taille corporelle moyenne, il n’existe pas non plus d’intelligence moyennes, de talent ou de caractère moyen. Il n’y a pas d’étudiant moyen ou d’employé moyen- ou de cerveau moyen, d’ailleurs. Chacun de ces concepts familiers est le produit d’une imagination scientifique erronée. Notre conception moderne de la personne moyenne n’est pas une vérité mathématique mais une invention humaine créée il y a un siècle et demi par deux scientifiques européens pour résoudre les problèmes sociaux de leur époque…
Nous vivons dans un monde où toutes les entreprises, toutes les écoles et tous le hommes politiques répètent que l’individus est vraiment important, alors qu’il est évident que tout est mis en place pour que le système soit toujours plus important que nous…

LES PRINCIPES D’INDIVIDUALITÉ

« Un individus est un système pluridimensionnel qui évolue en fonction du lieu et du temps » Peter MOLENAAR, Université d’Etat de Pennsylvanie.

Notre esprit est naturellement enclin à recourir à une échelle unidimensionnelle pour réfléchir à des caractéristiques humaines complexes tel que la taille, l’intelligence, le caractère ou le talent. Si l’on nous demande d’évaluer la taille d’une personne par exemple, nous jugeons instinctivement un individu comme petit, grand, ou moyen.
A l’aire de la moyenne, nos institutions sociales, en particulier nos entreprises et nos écoles, ont renforcé la prédilection naturelle de notre esprit pour l’approche unidimensionnelle en nous encourageant à comparer les mérites des gens en fonction d’échelles simples tels que les notes , les résultats de test QI, et les salaires…

TROUVER LE TALENT ADEQUAT AU CONTEXTE

Le succès du test du marshmallow* et sa conclusion selon laquelle la maitrise de soi constitue la clé de la réussite montrent que le domaine ou la société reste le plus liée à l’approche essentialiste est celui de notre attitude à l’égard de la compétence, du talent et du potentiel. Nous imaginons qu’il s’agit de qualités essentielles- que les individus les possèdent ou non, que les circonstances peuvent avoir une influence mineure sur une chose comme le talent, mais qu’elles ne le déterminent ni ne le créent. Il n’est pas de domaine où cela se reflète plus que dans notre manière de recruter…
« c’est l’adéquation du salarié avec son poste qui fait tout » Costco joue dans la même cour que le Sam’s Club de Walmart, et pourtant ses responsables ont trouvés le moyen de traiter leurs employés comme des individus tout en réalisant de solides bénéfices. La différence entre les deux sociétés réside dans la manière dont chacune considère ses salariés. Walmart a adopté le point de vue tayloriste et traite ses salariés comme des statistiques, comme une colonne de quidam moyens facilement remplaçables, tandis que Costco tente véritablement de comprendre la dimension discontinue de ses salariés..

CAPITALISME GAGNANT-GAGNANT

Il y a soixante-dix ans , le taylorisme était considéré comme une « caractéristique de la civilisation américaine » Les principes d’individualité nous montrent cependant le chemin vers une société meilleure qui défend la liberté, l’initiative et la responsabilité individuelle sans sacrifier la libre entreprise. Costco, Zoho et Morning Star prouvent , que quand dans une entreprise décide d’accorder de la valeur à l’individualité de ses employés, ceux-ci ne sont pas les seuls à y gagner : le système y gagne aussi, et plus que jamais…

https://www.contrepoints.org/2015/03/09/200367-test-du-marshmallow-et-succes-dans-la-vie

 

 


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